Nous vous informons des derniers développements de deux projets éoliens qui menacent la Thiérache : Fache et Grand Cerisier. Nous vous informons également d’une décision importante de la Cour d’appel de Toulouse concernant les nuisances causées par les éoliennes.
L’avis de MRAE sur le projet Fache
Le 25 avril 2021, l’Autorité environnementale (MRAe) Hauts-de-France a publié l’avis sur le projet Fache concernant 4 parcs éoliens sur les communes de Renneval, Vigneux-Hocquet, Vincy-Reuil-et-Magny, Dagny-Lambercy, Sainte-Geneviève et Nampcelles-la-Cour.
Ci-dessous une synthèse de l’avis :
Le projet, porté par les sociétés « des éoliennes des Haudicourts », « des éoliennes de Meiller », « des éoliennes de Valiettes » et « des éoliennes de Cerisier » concerne l’installation de 30 éoliennes d’une hauteur maximale de 200 mètres en bout de pale et 15 postes de livraison sur le territoire des communes de Renneval, Vigneux-Hocquet, Vincy-Reuil-et-Magny, Dagny-Lambercy, Sainte-Geneviève et Nampcelles-la-Cour situées dans le département de l’Aisne.
Le projet se situe sur un plateau agricole, dans le paysage de la Basse Thiérache, à environ 210 mètres de la zone naturelle d’intérêt écologique floristique et faunistique (ZNIEFF) de type 1 « forêt du Val Saint-Pierre », un kilomètre des vallées de la Brune et de la Serre (paysages remarquables et continuités écologiques). Les premières habitations sont à 520 mètres.
Par rapport aux enjeux présents sur le site, le dossier mériterait d’être complété et précisé concernant l’état initial et les prise en compte des impacts concernant la faune volante (oiseaux et chauves-souris), le patrimoine historique, le paysage et le cadre de vie.
L’étude acoustique montre qu’un bridage des éoliennes sera nécessaire pour respecter les seuils réglementaires en matière de bruit.
Des impacts paysagers sont attendus sur les églises de Vigneux-Hocquet, de Renneval, de Chaourse et d’Harcigny, ainsi que sur les bourgs de Morgny-en-Thiérache, Sainte-Geneviève, Vigneux-Hocquet, Renneval, Vincy-Reuil-et-Magny et Dagny-Lambercy et le hameau de Magny. L’autorité environnementale recommande, considérant que les parcs proposés seront un élément marquant du paysage, de réaliser une analyse architecturale et paysagère, et d’adapter le projet en vue de limiter les impacts et la covisibilité avec les églises fortifiées et d’étudier la suppression d’éoliennes afin de limiter les phénomènes de surplomb et de saturation visuelle.
Compte-tenu de l’étendue du site étudié, les inventaires permettant de caractériser l’activité deschauves-souris aux altitudes à risque, seraient à compléter, via des mâts de mesure supplémentaireset en continu pendant une période d’activité.
Au regard notamment de la présence de la Noctule commune, l’autorité environnementale recommande d’étudier d’autres sites d’implantation et de compléter l’étude de variantes par la recherche de scénarios alternatifs éventuellement sur des sites plus propices.
Si le projet est maintenu, l’autorité environnementale recommande de brider l’ensemble des éoliennes entre début mars et fin novembre depuis l’heure précédant le coucher du soleil jusqu’à l’heure suivant le lever du soleil, pour des températures supérieures à 7 °C, et des vents inférieurs à 6 m/s.
Ci-dessous, vous pouvez lire / télécharger l’avis détaillé du MRAe:
Le nouveau préfet reporte la décision sur Grand Cerisier
Le projet éolien du Grand Cerisier consiste en l’implantation prévue de 9 éoliennes de 180 m de hauteur sur les communes de Coingt, Dagny-Lambercy et Nampcelles-la-Cour. Le 19 mai 2021 le commissaire-enquêteur, M. Didier Lejeune, a publié les conclusions de l’enquête sur le parc éolien Grand Cerisier. Il a émis un avis favorable, c’est-à-dire qu’il est pour l’installation.
L’avis a depuis été auprès du préfet. Un nouveau préfet est en poste dans l’Aisne depuis fin juin 2021. Le précédent préfet, Ziad Khoury, en poste depuis moins de deux ans, a été remplacé par Mr. Thomas Campeaux. La nomination d’un préfet relève du gouvernement français, il ne s’agit donc pas d’un administrateur élu démocratiquement mais d’une nomination politique. Ce remplacement est probablement dû au point de vue trop critique de Ziad Khoury sur les projets d’éoliens. Le nouveau préfet n’a pas encore pris sa décision. Il a toutefois négocié un délai de 6 mois pour la décision sur Grand Cerisier et “de soumettre la demande susvisée pour avis à la formation sites et paysages de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites”. Cette demande peut être interprétée de deux manières : (1) il opte pour l’installation (2) il souhaite s’abstenir d’installation. Dans les deux cas il sollicite un soutien / couverture politique de la commission départementale. Le report de la décision court jusqu’au 28 février 2022 au plus tard.
Si le préfet – malgré tout – ignore nos votes contre et accepte l’installation, l’ordonnance relative à la construction sera officiellement annoncée publiquement dans toutes les communes concernées. C’est aussi le moment où les habitants, qui vont immédiatement regarder les éoliennes et qui s’inquiètent de leurs effets, peuvent soulever des objections par lettre recommandée. Le préfet est obligé de répondre à l’objection dans un délai de deux mois. L’Association Platform Thiérache organisera, si nécessaire, une action de groupe juridique à laquelle les membres individuels pourront s’associer. Ensemble nous sommes forts!
L’avenir de la Thierache : zone industrielle d’éoliennes … ou Parc Naturel ?
Platform Thiérache a une politique à deux voies. D’une part, elle agit directement contre l’implantation de parcs éoliens en Thiérache, qui menacent gravement le cadre et la qualité de vie de ses habitants. Elle s’efforce de sensibiliser et informer les citoyens et les élus, favoriser et entretenir le dialogue avec tous les acteurs concernés, lutter contre les projets incompatibles avec les buts de l’association, comme l’installation de parcs éoliens industriels, en s’y opposant par tous moyens et recours légaux et par toutes actions en justice qui pourrait être jugées nécessaires.
D’autre part, Platform Thiérache s’efforce de sauvegarder, protéger et défendre l’environnement, le patrimoine naturel, le patrimoine bâti, la qualité des paysages et des sites de la Thiérache. A cet effet, elle collabore avec Jean-Hugues Pointier, qui lutte activement depuis longtemps pour l’extension du Parc Naturel de l’Avesnois en Thiérache. Le territoire de la Thiérache de l’Aisne, encadré par de deux Parcs Naturels Régionaux, au nord celui de l’Avesnois et à l’est celui des Ardennes, est à la croisée des régions Hauts-de-France, Champagne-Ardenne et du Hainaut. C’est un espace de grande qualité environnementale avec une forte identité patrimoniale. Une continuité géographique permettrait de préserver un lien écologique entre ces deux entités, espace de respiration et de de communication, ce serait un véritable poumon vert pour la faune et la flore.
Le projet d’extension du Parc Naturel Régional de l’Avesnois en Thiérache est « l’outil » pour préserver cette continuité écologique, les richesses du territoire, en créer de nouvelles et offrir un nouveau modèle de développement local durable. C’est dans ce sens que ce projet est soutenu par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) et qu’il est intégré au Pacte pour la réussite « Sambre-Avesnois-Thiérache ».
Décision inédite : la justice reconnaît enfin le “syndrome éolien”
En condamnant deux sociétés gestionnaires d’un parc éolien, la Cour d’appel de Toulouse reconnaît l’existence de nuisances anormales pour le voisinage et leur impact sur la santé.
La décision est inédite. Le 8 juillet dernier, la cour d’appel de Toulouse cassait un jugement du tribunal judiciaire de Castres et condamnait deux sociétés gestionnaires d’un parc éolien a indemniser un couple de riverains. Pour la première fois, la justice reconnaît l’existence de nuisances de voisinage anormales liées à la proximité d’éoliennes ainsi que leur impact sur la santé.
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