Une bonne nouvelle: le 30 août dernier, le préfet du département de l’Aisne, M. Ziad Khoury, a refusé le projet de CE Trois Rivières pour l’installation de 8 éoliennes sur le territoire des communes d’Any-Martin-Rieux, Leuze et Martigny !
Consultées sur ce projet, dix communes de la Thiérache axonaise et ardennaise ont émis un avis défavorable. Il s’agit de communes de Fligny, Buire, Auge, Leuze, La Neuville-aux-Joûtes, Signy-le-Petit, Saint-Michel, Eparcy, Watigny et Any-Martin-Rieux. La com-com d’Ardennes était également contre. Á Martigny, il n’y a pas eu d’avis. Bossus y était favorable.
Dans son arrêté, le préfect consacre un long chapitre à la Cigogne noire, une espèce rare qui se réproduit dans la forêt domaniale toute proche et dans les zones d’alimentation sont situées de l’autre côté du territoire convoité par le promoteur éolien. Les faibles effectifs régionaux de cette belle espèce d’échassier, la faible production de jeunes à l’envol, ainsi que la forte mortalité juvénile plaident également en faveur de la préservation de l’actuel environnement. D’autres enjeux écologiques, notamment du fait de présence des Milans noirs et royaux, du Traquet motteux (un passereau) ou de chauves-souris ont conduite, de la même manière, au refus. Pour cette raison, le promoteur du projet avait déjà réduit l’application de 14 à 8 turbines en second lieu – mais en vain.
L’arrêté du préfet nous donne un nouvel espoir vis-à-vis d’autres applications de projets actuellement en cours d’exécution dans la Thiérache. Après tout: la cigogne noire est également de plus en plus vue dans d’autres parties de la Thiérache. Nous avons récemment reçu un rapport d’un de nos membres, qui a repéré une cigogne noire à La Sablonnière (Jeantes) le 11 août.
Les maisons de vacances dans la Thiérache
Nous avons précédemment attiré l’attention dans nos circulaires et messages en ligne sur la présence dans la Thiérache de nombreux Néerlandais et Belges, qui ont une maison de vacances ou même y vivent en permanence.
L’installation prévue de grands parcs éoliens aura des effets économiques négatifs majeurs, non seulement pour les étrangers eux-mêmes mais aussi pour la région et ses habitants:
• baisse de valeur des maisons (des dizaines de pourcentages en plus de la baisse générale de 30% que les maisons ont déjà subie au cours des dix dernières années);
• les maisons sont à vendre pour une durée plus longue / risque d’inoccupation et même invendable;
• l’attractivité réduite de la région pour les étrangers à la recherche d’une résidence secondaire ou souhaitant rester ici;
• diminution des dépenses;
• diminution des recettes fiscales (taxe foncière; taxe d’habitation; taxe de séjour, etc.);
• diminution du nombre de visiteurs dans la région / diminution des nuitées touristiques et des loisirs (hôtel; airbnb; camping, etc.);
• pertes d’emplois.
Platform Thiérache souhaite attirer l’attention sur l’impact économique négatif des parcs éoliens sur les étrangers vivant dans la Thiérache.
L’association a donc demandé à ses membres néerlandais et belges d’écrire une histoire personnelle: pourquoi se sont-ils installés dans la Thiérache, pourquoi y ont-ils acheté une maison (de vacances), qu’est-ce que la région signifie pour eux et quelles menaces les éoliennes représentent-elles pour leur cadre de vie ?
Une dizaine de membres ont répondu à cette demande. Vous pouvez en savoir plus sur ce que nous faisons avec ces histoires plus loin dans ce bulletin.
Lisez deux histoires ici:
Le moment décisif
Ces dernières années, il y a eu une forte augmentation des parcs éoliens – ou des projets prévus – dans la région des Hauts-de-France (Nord-Pas-de-Calais et Picardie). Cela n’est pas surprenant : au début de ce siècle le gouvernement a désigné sept régions dont Picardie où l’énergie éolienne doit être développée.
Si se déroulent les projets Grand Cerisier de RES, Fache (de Ventelys) et Chemin du Chêne de Global Wind Power, nous parlons – sur une superficie de seulement 30 km2 – d’un immense parc éolien industriel de 49 éoliennes de la catégorie la plus lourde (180-200 mètres de haut). Quand ce parc est réalisé, il y a un autre danger. Les promoteurs du projets demandent de pouvoir « apporter » le projet à un stade ultérieur. Cela signifie qu’une fois qu’un projet a été accepté et construit, des éoliennes peuvent être ajoutées au parc existant – sans avoir à démarrer une nouvelle étude. Une situation similaire aurait été effectuée à Montcornet où il y a actuellement plus de 250 turbines.
La résistance sociale à l’implantation de parcs éoliens dans la région se fait de plus en plus forte. L’administration de la région Hauts-de-France est également opposée aux nouveaux placements. Dans un communiqué de presse en début d’année, elle explique que les Hauts-de-France représentent pas moins d’un quart de toute l’énergie éolienne française. Les Hauts-de-France sont donc favorables à une répartition plus équilibrée, afin qu’aucun parc éolien ne soit plus implanté sur son territoire.
Notre terre de Thiérache et sa population n’ont cessé d’être martyrisées par les divers conflits de l’histoire. Nous avons un lourd passé que l’on ne peut oublier et qui reste ancré dans nos mémoires, nos cœurs et nos paysages. En ce qui concerne notre région, nous avons un patrimoine exceptionnel de pas moins de 65 églises fortifiées. L’église de Plomion classée monument historique fait actuellement l’objet d’une restauration en collaboration avec la mission patrimoine de Stéphane Bern. Nous avons la Vallée de la Brune qui mériterait de devenir un Parc Régional de par sa biodiversité, la beauté pittoresque des paysages. Si par malheur, ces projets se réalisent, la migration des oiseaux serait directement impactée, notamment celle des cigognes noires, des grues et des aigrettes, etc…
Les promoteurs, facilités par l’État et financé par de grandes sociétés d’investissement internationales, sont sur le point de dominer brutalement ce paysage vulnérable. Sous couvert d’une transition énergétique durable, les habitants simplement aient été écartés et la Thiérache deviendra un nouveau champ de bataille, cette fois pas marqué par des églises mais par des éoliennes industrielles d’une ampleur extraordinaire.
Alors, nous sommes arrivés au moment décisif de l’histoire de la Thiérache.
Un appel urgent au préfet: protégez la Thiérache !
L’association Platform Thiérache, en collaboration avec le collectif Agir Pour La Thiérache, a adressé une lettre avec un appel urgent au préfet du département de l’Aisne, M. Ziad Khoury, début juillet de cette année.
Cette lettre expose avec de nombreux arguments valables que le patrimoine et le paysage unique de la Thiérache ne doit pas être sacrifié aux parcs éoliens industriels. Il est également clair que de nombreux habitants (y compris les propriétaires étrangers de maisons de vacances) sont fermement opposés au placement prévu et ont le sentiment d’être à peine entendus ou connus dans le processus décisionnel.
Dans leur lettre au préfet, l’association Platform Thiérache et le collectif Agir Pour La Thiérache demandent à coopérer à la protection exclusive de la Thiérache, y compris en n’accordant pas de permis pour les parcs éoliens. Ils demandent une audience auprès de Monsieur Ziad Khoury.
Lisez la lettre complète ici:
Le jeudi 29 octobre, il y aura une réunion à Vervins avec la sous-préfète du département, Mme Sonia Hasni. Dans cet entretien, l’association et le collectif expliqueront plus en détail leur position et le vice-président néerlandais de Platform Thiérache remettra au sous-préfet dix lettres avec des histoires de propriétaires néerlandais et belges de maisons de vacances dans la Thiérache. Nous rendrons bien sûr compte de la conversation avec Mme. Hasni.