Les effets sur la biodiversité
Nous avons observé 110 espèces d’oiseaux sur le site objet de l’enquête publique.
L’un des observateurs, ornithologue, traverse pour se rendre à son lieu de travail à Vervins ledit site 4 fois par jour depuis le 1er février 1999, soit depuis 18 années (soit au 1er février 2017, 12.312 passages en toutes saisons…).
Il emprunte la route d’Autreppes au Bois de Laigny et ensuite la rue du Bois de Laigny (passant au pied du mat de mesure) rejoignant la RN 2 à l’entrée de Fontaine les Vervins.
Le territoire est traversé par un couloir migratoir de grande importance selon un axe sud-ouest, nord-est. En effet, les oiseaux migrateurs remontent les vallées du Beaurepaire (à la source duquel se situe le village de Laigny) et du Chertemps (dans laquelle se situe Fontaine les Vervins) et traversent le site où sont envisagées les éoliennes afin de rejoindre la vallée de l’Oise distante de 5 km de ces deux vallées.
De plus, cette zone se situe entre les restes des bocages (bocages dont la fragilité est de plus en plus reconnu comme en atteste l’interdiction récente du retournement des pâtures dans la région Haut de France) de la vallée du Beaurepaire et du Chertemps et la vallée de l’Oise et du Ton et fait figure de corridor vert grâce aux haies qui subsitent et aux jardins et vergers bordant le hameau du Bois de Laigny, la Maison des trois cours, le Bout du Bois de Laigny et la Chaussée d’Etréapont. L’importance des corridors verts ou écologique n’est plus à démontrer. Ces corridors permettent à des populations animales de rester en contact ce qui est indispensable sur le plan génétique. Ceci est particulièrement vrai pour les oiseaux, le site, objet de l’enquête permettant aux oiseaux du bassin de la Serre et de ses affluents (Vilpion, Beaurepaire, Chertemps…) de garder contact avec les oiseaux du bassin de l’Oise et de ses affluents (Ton, Lerzy…).
La proximité entre les dernières haies du sud de la zone et les haies du nord de ladite zone (500 mètres) explique la présence de nombreuses espèces d’oiseaux non inféodée aux milieux cultivés.
Les éoliennes sont une source de mortalité des oiseaux non-négligeables. Les rapaces, les grues cendrées, les cigognes et les oies ont un risque élevé d’être tués. Les données obtenues dépendent de l’effort de recherche. Reyes et al. (2016) Kummer et al. (2016) montrent que le nombre des oiseaux tués est très sous-estimés si on se contente des restes retrouvés : les chiffres sont basés sur le nombre des cadavres ramassés, mais les charognards (chats, renards, fouines, corvidés…) enlèvent 65% des cadavres avant que la collecte soit faite par des chercheurs.
De même, la mortalité dépend de l’emplacement des éoliennes. Dans notre cas, le fait que les éoliennes seront placées dans une voie de migration ainsi que dans un corridor vert produira un risque élevé de mortalité.
Beaucoup des espèces d’oiseaux observées sur le site du parc éolien sont rares ou en voie de disparition et ont le statut d’espèce protégée au niveau Europeén ou même mondial. Les oiseaux migrateurs ont également le statut d’espèce protégée au niveau de l’UE.
La Directive 2006/105/CE du Conseil du 20 novembre 2006, concernant la conservation des oiseaux sauvages Annexe nr 1 précise entre autres :
- Les espèces mentionnées à l’annexe I font l’objet de mesures de conservation spéciale concernant leur habitat, afin d’assurer leur survie et leur reproduction dans leur aire de distribution.
- Les États membres prennent des mesures similaires à l’égard des espèces migratrices non visées à l’annexe I dont la venue est régulière
Dix huit espèces présentes sur le site du parc éolien sont mentionnées dans l’Annexe 1, et 7 espèces sont inscrites dans la liste rouge de “Birdlife International. Le site est important comme terrain d’hivernage pour les vanneaux et les pluviers dorés. De même, le site est fréquenté par des busards cendré et busards Saint Martin.
Les oiseaux ne sont pas les seuls qui souffriront gravement de l’implantation d’éoliennes. Egalement, les chauves souris encourront un risque de mortalité grave. Une étude Canadienne (Zimmerling et al. 2016) estime le nombre de chauve-souris tué par an par éolien à 12, ce qui donne une mortalité de 84 animaux par an pour le parc prévu et si on compte l’effet des charognards, ce chiffre peut être porté à 240 !
La France a signé l’accord du UNEP/EUROBATS sur la conservation des populations de chauves-souris d’Europe
Sur le site concerné par l’enquête publique et les communes environnentes , 10 espèces de chauves souris sont présentes, dont une (Murin de Bechstein) avec le statut « Vulnérable ».
Ce sont des raisons importantes de ne pas construire un parc éolien sur le site !
Saint Algis, le 22 février 2017
Jacques Litoux
Autreppes, le 22 février 2017
Prof Dr. Jacques van Alphen
Professeur Emérite
UE-Chaise d’Excellence en Ecologie ; Université de Rennes1, (2006-2009)
Université de Leiden, Pays bas (1999 – 2011)
Université d’Amsterdam, Pays bas (2011 – )
Réferences
J.A. Kummer, C.J. Nordell, T.M. Berry C.V. Collins, C.R.L. Tse & E.M. Bayne.2016. Use of bird carcass removals by urban scavengers to adjust bird-window collision estimates. Avian Conservation and Ecology 11: UNSP 12.
J.R. Zimmerling & C.M. Francis, 2016. Bat Mortality due to Wind Turbines in Canada.
Journal of Wildlife Management 80 : 1360 – 1369
G.A. Reyes, M.J. Rodriguez, K.T. Lindke, K.L. Ayres, M.D. Halterman, B.B. Boroski & D.S. Johnston, 2016. Searcher efficiency and survey coverage affect precision of fatality estimates.
Journal of Wildlife Management 80 : 1488 – 1496.
Liste des espèces d’oiseaux observées sur le site objet de l’enquête de 2010 – 2017
Liste des espèces de chauves souris sur le site objet de l’enquête de 2008 – 2015